les besoins d'un enfant






LE REGARD PORTÉ SUR L'ENFANT

Intervenant : Sonia PEROT(1)


(
1)Sonia PEROT, ancienne animatrice de Relais Assistants Maternels, psychologue de formation et directrice de La Maison de la Famille à Montargis(2).


(2) La Maison de la Famille a un rôle de soutien et de médiation, c’est un tiers dans les conflits familiaux

Introduction


Il est bon de se demander de quoi l’enfant a besoin pour grandir.Les assistants maternels ont donné diverses réponses ; pour eux l’enfant a besoin :


Ø De règles


Ø Que l’on respecte son rythme


Ø D’échange avec les autres enfants et adultes = socialisation


Ø De soutien


Ø D’amour



La construction des liens d’attachement
L’attachement L’amour est la base, c’est un besoin primaire, c’est LE premier besoin.


Les enfants sans amour se laissent mourir, ils deviennent fous. On ne sait que depuis 30 ans que l’amour est aussi important, c’est pourquoi les pratiques éducatives changent.L’enfant doit être aimé, c’est-à-dire qu’il doit « s’attacher ».La mère (on parle de la mère, mais il s’agit en réalité de la personne qui prend en charge l’enfant en particulier, répond à ses besoins, le materne, le nourrit, le soigne) apprend à s’attacher à son enfant, ce n’est pas inné : il y a des mères pour qui il faut du temps.Cette première étape se fait sur 6-7 mois.


Un enfant est attaché de façon positive ou négative : par exemple, une mère très préoccupée dans les premiers mois de vie de l’enfant transmet un lien d’attachement sous un fond d’angoisse.

Bébé pleure40flecB.gif40flecH.gif
Maman s’inquiète
La construction des liens d’attachement est le fondement, la base. Si la construction des liens d’attachement se fait sur des bases négatives, les fondements sont fragiles.
On parle d’attachement « secure » (= sécurisant) ou « insecure » (= insécurisant).

Attachement sécurisant
Attachement non sécurisant
Exemple :
On écoute et répond au bébé qui pleure.
On laisse pleurer un bébé sans intervenir.
Conséquence :
Il y a de l’intérêt porté au bébé et à ses besoins et donc de l’amour. Bébé comprend qu’on peut l’aimer et saura aimer.
Dans ce cas, pleurer ne sert à rien. L’enfant n’apprend donc pas à exprimer ses besoins.


Ces liens d’attachements servent à l’enfant à se construire une base de l’estime de soi.

La construction d’une base de l’estime de soi


Si les parents n’aiment pas l’enfant, il pense ne pas pouvoir être aimé et ne saura pas aimer.Pour un enfant qui manque de confiance, tout n’est pas perdu : on peut essayé de réparer le problème en proposant des situations qui donnent confiance et valorisent (la gymnastique par exemple, aider à faire un gâteau…). Cette étape permet à l’enfant de prendre confiance en lui.

La confiance en soi


Pendant cette période (jusqu’à 7 mois), il doit y avoir de la fusion entre le bébé et sa mère. Les assistants maternels interviennent dans cette fusion, c’est pourquoi ce peut être difficile à vivre pour les parents et l’enfant.Les assistants maternels n’ont pas une place de mère ou de parent : leur place est différente. Si les assistants maternels parviennent à le faire comprendre aux parents, à leur montrer, les parents le vivent mieux.Chacun cherche sa place : les assistants maternels, les parents et les enfants ; et le vécu de cette intrusion dans la fusion dépend des assistants maternels, de ses enfants, de l’enfant gardé et des parents.

La différenciation


A un moment donné, l’enfant apprend qu’il est différent de sa mère, il n’est pas elle (= angoisse de séparation, angoisse de l’inconnu).C’est la fin de la fusion : il s’agit de la différenciation qui apparaît entre 8 et 11 mois).A cette période, quand le parent s’en va, l’enfant pleure beaucoup.En général la durée de cette période dépend du lien d’attachement (de la base) : si le lien d’attachement a été suffisamment sécurisant, cette étape dure 1 ou 2 mois puis se calme ; si le lien d’attachement n’a pas été suffisamment sécurisant, cette étape dure plus longtemps.En effet, l’enfant qui sait que sa mère l’aime peut s’éloigner car où qu’il aille, il sait que sa mère le retrouvera (les petits chatons ne sortiront du panier que s’ils savent que leur mère viendra les chercher en cas d’embûche ; le parachutiste ne sautera en vol que s’il est sûr de son matériel).C’est à cette période que l’enfant choisit un « doudou ». Le « doudou » est une transition entre ce que l’enfant vit et ce qu’il ressent. Il le rassure. Ce n’est pas qu’un lien entre la maison et l’extérieur de la maison. Mais le « doudou » ne doit pas être un frein à la socialisation : il y a des moments où il peut le poser, notamment pendant les temps collectifs. L’enfant choisit son « doudou » et il choisit également de le désinvestir. Certains enfants gardent leur « doudou » pendant longtemps ; celui-ci les apaise. Ce comportement n’est pas forcément dû à une base non sécurisante. L’enfant sait qu’il est différent de sa mère, il sait qu’elle l’aime et sera toujours là pour lui, il peut donc êtreautonome et explorer sereinement.

L’autonomie


Elle apparaît de 11 à 18 mois environ.L’enfant acquiert des compétences : il marche et a besoin d’explorer, il développe son langage…

L’opposition


La phase d’opposition s’observe entre 18 mois et 3 ans.L’enfant dit souvent « non » ; mais c’est un « non » qui ne veut pas dire « non » !A cet âge, « non » = « moi et c’est moi, et toi c’est toi, je suis différent de toi et lorsque tu veux quelque chose, je ne le veux pas forcément ».L’enfant s’affirme et c’est à ce moment là que l’adulte doit poser des limites sans tout interdire : le « non » de l’adulte ne doit pas être systématique.


Remarque : quand l’enfant a assouvit son désir de découverte, il accepte mieux les limites (on peut donc par exemple l’accompagner pour appuyer sur le bouton de la TV puis lui préciser qu’il n’a pas le droit de le faire tout seul).


Il faut trouver un juste milieu entre une attitude trop permissive (l’enfant se croit alors tout permis) et une attitude trop stricte (conflit constant).Osciller entre les deux semble être une bonne pratique éducative.


L’enfant doit avoir le droit de dire « non ». Il est bon d’avoir des règles strictes et d’autres négociables ; et plus l’enfant grandit, plus il doit pouvoir négocier.Certains enfants se font mal, posent des actes, crient, se roulent à terre… Dans ce cas, il faut verbaliserplutôt que d’agir, sinon on est dans le conflit permanent. Ce n’est pas simple, mais c’est important : c’est une période verbale.


Exemple :Un enfant crie = je chuchote


L’enfant fait une colère = je ne l’attrape pas car sinon on reste dans le physique : je lui parle. Cela ne fonctionne que petit à petit et à long terme. Ce qui est important, c’est que ce soit l’adulte qui aille vers l’enfant pour créer une relation de confiance.Remarque : plus la colère aboutit et plus l’enfant ira loin dans sa colère.

L’identification


Plus tard, à partir de 3 ans, l’enfant joue à imiter son parent du même sexe. On parle de « complexe d’Oedipe ». Le parent du même sexe est vécu comme un rival et l’enfant cherche à séduire l’autre parent.



Pour se rapprocher de papa, la petite fille doit devenir comme maman et donc s’y identifier et l’imiter.


Pour se rapprocher de maman, le petit garçon doit devenir comme papa et donc s’y identifier et l’imiter.



Si le père est absent, le petit garçon s’identifie à un oncle, un maître d’école, un ami de la famille…




Les encouragements


Nous l’avons vu, l’enfant est un être qui communique à sa façon avec le jeu, le corps, l’attitude, le regard… Nous devons être à son écoute, disponibles et observateurs.Les mots d’encouragement, positifs sont importants : lorsque l’on dit à un enfant « TU n’es pas gentil », on s’attaque à son identité ; mieux vaut dire « taper les autres enfants, ce n’est pas gentil ».Quand l’enfant croit l’adulte et pense qu’il n’est pas gentil, il se met à avoir le comportement d’un « pas gentil ».
La sanction


Au début, l’enfant ne sait pas vivre en société et ne se contrôle pas : il apprend grâce à l’adulte qui lui pose un cadre.Le cadre est protégé par des limites. Puisque l’enfant apprend, le cadre n’est pas formé, mais en construction.Le cadre ne doit pas être trop étroit car l’enfant voudra « l’exploser ». Un cadre qui s’agrandit n’est pas bon non plus car l’enfant a besoin de repères et donc de limites repérables.Lorsque l’enfant interroge le cadre, on lui montre qu’il n’y a pas de « passage » et qu’il se confronte à une limite. Celles-ci doivent être intégrées par l’enfant et pour cela, elles doivent être répétées.L’enfant qui regarde l’adulte en testant le cadre essaie de lui dire « aide-moi et interviens, je ne peux pas m’empêcher de le faire ». Il faut donc agir.L’enfant vérifie que c’est toujours pareil, que les limites ne bougent pas. Si les limites changent d’un jour à l’autre et que l’enfant a tantôt le droit de faire ceci, tantôt l’interdiction de faire cela, il testera d’autant plus la solidité du cadre.


Quand faut-il sanctionner ? On sanctionne lorsque l’enfant peut se contrôler et ne le fait pas. Lorsque l’enfant répète des actes négatifs, il faut sanctionner de façon adaptée.La sanction crédibilise la limite.


Remarque : les enfants font la différence entre les limites instaurées par leurs parents et les limites instaurées par leur assistant maternel.


La sanction la plus adaptée pour un petit est l’isolement : il s’agit d’un isolement acté. On emmène l’enfant sur une chaise un peu à l’écart par exemple.L’enfant peut jouer mais il est loin des autres ; le doudou doit être autorisé pour le rassurer.Lorsque l’acte ne fonctionne pas, il faut verbaliser.


Remarque : une morsure n’est pas plus grave qu’un coup de pied.


Les 16 besoins fondamentaux


Les besoins de base :


Le besoin de sécurité. C’est à travers les interdits, les frustrations, les limites, les règles, que nous donnons à l’enfant le sentiment de sécurité, mais aussi les bonnes bases de la socialisation.

Le besoin de stabilité : des horaires fixes, des routines régulières, une ambiance sereine à la maison et des réponses cohérentes.

Le besoin de boire et de se nourrir. L’alimentation joue un rôle essentiel dans l’établissement de la relation affective notamment les premier mois pendant l’allaitement ou les biberons. Plus tard, lorsque l’enfant éprouve le besoin de manger avec ses mains, il est important de le laisser faire, car cela répond à un besoin d’exploration et lui permet de développer son sens du toucher… c’est aussi pour lui une source de plaisir.

Le besoin de dormir et surtout de voir son rythme de sommeil respecté. Lorsque ce rythme est perturbé, il engendre non seulement un déséquilibre nerveux avec des inévitables troubles du comportement, mais des troubles de la croissance : il a été prouvé une relation entre la le sommeil et la sécrétion de l’hormone de croissance. Bien dormir permet à l’enfant de bien grandir ! Comme les adultes cependant, les enfants peuvent être de petits et des gros dormeurs. Les besoins de sommeil sont variables mais voici quelques repères !

o Nouveau né : 20 heures

o De 1 à 3 ans : 15 heures (12 heures par nuit + 3 heures de sieste)

De 3 à 6 ans : 12 heures (10 heures par nuit + 2 heures de sieste)

o Vers 10 ans : 10 heures

Adolescent : 8 ou 9 heures

Adulte : 7 à 8 heures

Le besoin d’être propre. Les pratiques d’hygiène corporelle (le change, le bain, le brossage de dents etc…) assurent à l’enfant une bonne santé, le confort et la détente du corps. Elles leur donnent aussi les premiers points de repères (quand elles s’insèrent à une « routine » quotidienne) et leur offre des moments forts de découvertes (l’eau, le savon, les bulles, le chaud, le froid etc.).

Le besoin de communiquer et ce dès la naissance ou même avant.

Le besoin d’être respecté dans son rythme de développement. Nos attentes se doivent d’être réalistes, en fonction de son stade de développement psychomoteur, affectif et social (pour tout savoir de ces étapes, téléchargez notre guide gratuit au bas de l’article).

Le besoin d’apprendre et de jouer (d’apprendre en jouant). Notre rôle de parent est plus de prendre appui sur le désir d’apprendre de l’enfant, en lui offrant un environnement favorable : un espace, un mobilier, un matériel (jeux, jouets etc.) adapté à ses besoins du moment et à ses compétences, plutôt que de chercher à le diriger dans son apprentissage en lui imposant telle ou telle activité.

Le besoin d’explorer, de découvrir, d’expérimenter, d’observer. L’enfant a besoin de s’approprier l’environnement dans lequel il vit, pour maîtriser progressivement ses actions.

Le besoin de plaisir : pour passer à l’action, pour apprendre et s’éveiller, l’enfant doit « avoir envie de faire ».

Le besoin de sorties. Les sorties, les promenades (à pied, avec une belle poussette pour les plus petits, en vélo avec les plus grands etc.), sont bénéfiques à l’enfant. Elles lui procurent l’air et le soleil dont il a besoin pour être en bonne santé (l’oxygénation stimule les défenses de l’organisme et favorise l’appétit et le sommeil), et lui donnent surtout l’occasion de connaître un univers différent : d’autres lieux, d’autres personnes, d’autres enfant etc.

Les besoins affectifs :

Le besoin d’être aimé, inconditionnellement, pour ce qu’il est.

Le besoin d’attention : l’enfant doit savoir que nous sommes à son écoute et que c’est important pour nous qu’il aille bien.

Le besoin d’être apprécié pour ses qualités.

Le besoin du respect : de sa nature, de sa personnalité, de ses goûts, de son désir de faire ou de ne pas faire, de ses capacités etc.

Le besoin d’accompagnement : de soutien, d’encouragement, de compliment (descriptif !), de rituel qui l’aide à franchir certaines étapes (séparation, couché, naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur etc.).

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